LE CHANTIER
LE CHANTIER
Cette maison commencée en octobre 1986 est
la première à avoir été construite, après celle de
1922 à Montargis et le hangar dans le Larzac ....
Il n'existait aucun document, la maison de
Montargis n'était pas connue et nous avons
« essuyé les plâtres « de multiples façons !!!
Nous avons commencé les travaux le 10 octobre 1986
et le gros d'œuvre a été terminé le 8 décembre 1986.
Deux mois, fin d'automne, début d'hiver pour mener
à bien la fermeture de la maison ....à 700m d'altitude !!!
Quatre personnes travaillaient toute la semaine
sur le chantier :
François, le responsable des travaux, Clément et Claire
( tous 3 Québécois) et ma fille, Christine.
Les Week-end, les amis et nous-mêmes nous attelions
à la tache, je restais jusqu'au mercredi. Le mercredi
à midi je redescendais assurer la partie financière de
l'opération.
Le temps a été très moyen et François se plaignait
beaucoup des sautes d'humeur de notre météo :
la pluie, le vent, souvent très fort, le froid, de temps
en temps : le soleil ...
Cela est déterminant sur un chantier.
Heureusement qu'il y avait des « compensations »
culinaires ! souvent faites par Christine , Ah! les
charlottes aux framboises ....
La cohésion de l'équipe est un autre point important,
tous amateurs, ( sauf François, Claire et Clément )
pleins de bonne volonté mais n'ayant jamais rien fait
en construction.....
Les tensions entre les uns et les autres sont souvent source
de retard et de difficultés.
Malgré cela, François a su faire le lien entre les
personnalités très disparates des différents intervenants.
L'auto construction est, en général, un point
d'achoppement particulièrement important pour
les couples, ça passe ou ça casse.......
( c'est vrai d'ailleurs aussi dans la construction
traditionnelle d'une maison ).
Après la détermination des limites de la maison
et du jardin intérieur en bottes de paille, une bâche
étanche en film agricole a été posée sur toute la
surface, sauf à l'endroit du jardin. Par-dessus a été
étendu une couche de 10 cm environ de gros concassé
dans lequel le maillage par treillis relié à
la terre avait été installé.
Le chauffage devant être fait par air pulsé à partir
d'une cheminée centrale, un tuyau perforé de 10 cm
de diamètre a été posé sur le concassé.
La dalle de béton : 200 m2 , 21 m3, en 3 camions
avec une extension,( présent sur le chantier 3 femmes
et 2 hommes,) il faisait beau, mais ce fut, sans
doute la plus dure journée du chantier. A la nuit,
Clément passait encore l' »hélicoptère », pendant
que les femmes, alternativement éclairaient le
chantier avec des lampadaires..... à minuit,
la dalle était coulée.
Le début du montage des murs pouvait commencer.
Je ne savais pas que ni François ni Clément
n'avaient jamais construit en paille...... aucun
document n'existait à l'époque. ( ils avaient construit
tous les 2 une maison en bois cordé, mais le bois
cordé n'est pas la paille !! voir le livre de
François à ce sujet )
Ils avaient choisi d'utiliser les bottes de paille comme
des parpaings, une rangée après l'autre sur tout
le pourtour.
Cela donnait le temps au béton de prendre,
avant de recommencer une autre rangée.
Au début ils ont croisé les bottes de paille,
mais au bout d'un certain temps, ils ont pensé
que d'empiler les bottes les unes au-dessus des
autres permettrait d'avoir des sortes de piliers de béton.
Ce qui a été fait par la suite.
Les bottes étaient posées sur un lit de béton pailleux,
au-dessus de chaque botte était posé une planche
un peu épaisse, cela économisait du béton et
permettait d'éviter les ponts thermiques. ( une thèse
d'architecture a été soutenue sur ce sujet à partir de notre
maison : thèse de Chantal GAY )
Les emplacements des portes et des fenêtres étaient
réservés et les fenêtres étaient montées en même temps.
Sur les hauts des murs une sablière a été posée afin de
recevoir les solives.
Le toit est fait à partir d'une poutre maîtresse et
le toit est à 2 pentes ; la pente arrière est plus
longue que celle en avant.
En fin de chantier , ils ont eu "peur" que les bottes
supportent mal le poids du toit , et après location
d'un vérin électrique ( il a fallu le trouver .. )
ils ont placé aux deux extrémités de cette poutre
deux poteaux bois de 10/10 )
Sur cette poutre ont été disposé les solives dont
l'écartement avait été calculé pour recevoir les
panneaux de contre plaqué.
Tout ce bois avait reçu au préalable un traitement avec des
produits bio de la marque Biofa
( ils sentaient bon les agrumes...)
Au-dessus du contre plaqué a été posé du filme agricole noir
et du « DELTA MS » que nous appelions du « chocolat »,
même couleur même dessin. Cela n'était pas génial,
c'était rigide, cela s'envolait au vent, et nous avons
eu beaucoup de mal à le fixer. Mais il n'existait rien
d'autre, et nous voulions un toit végétal !!!!
Par dessus les bottes de paille ont été posées les unes
à coté des autres. Cela était très beau.
OUI MAIS : les bottes "ça peut s'envoler au vent",
même quand elles sont bien serrées, car à la longue
elles compostent, s'aplatissent...... et quand le vent
souffle à plus de 100 km/h, il y a des problèmes,
voir plus loin )
L'avant de la maison est une véranda incluse
à l'intérieur de la maison. Elle a été montée en
même temps que le reste. Nous l'appelons "la serre"
L'orientation de la maison avait été choisie pour
avoir le maximum de soleil et pour suivre l'orientation
du terrain: sud-sud ouest .
La VUE sur les monts d'Auvergne est somptueuse :
Plomb du Cantal , monts du Cézalier , Massif du Sancy ,
Puy de Dôme, Plaine de la Limagne .
L'hiver le soleil se couche droit devant la « serre «
et pénètre jusqu'au fond de la maison.
L'été il ne pénètre que très peu, des stores ont
suffi pour le résoudre le problème.
Les tuyauteries ont été bien sûr mises en place
lors du coulage de la dalle : salle de bain, cuisine.
Une fosse simple était juste nécessaire puisque
le choix avait été fait de toilettes à composter.
Le chantier, du gros d'œuvre à la pose du toit
a demandé 2 mois.
Tout s'est arrêté pendant l'hiver, mais la maison
était hors d'eau et les bottes de paille à l'abri
( plus ou moins en bas des murs, plutôt moins
que plus !!! mais l'expérience suivante nous a
montré que les bottes ne s'étaient pas abimées)
Les enduits ont commencé en avril et ont été
par François et Clément, à la tyrolienne !!!!
à mon avis de la folie, mais parait-il un compresseur
ça fait trop de bruit.... et "ça coûte trop cher" ...)
3 semaines à temps plein à 2 pour faire l'extérieur
et l'intérieur...... ça coûte aussi !!!!
Puis montage de la cheminée au centre de
la maison, installation des toilettes à composter.
Le travail des Québécois s'est arrêté là.
L'eau est arrivée à la maison en juin, et cela
a été le début de la mise en place des sanitaires
et de la cuisine, fait par Josse , un Belge .
le passage des gaines pour l'électricité
dans l'enduit, le montage des cloisons.....
Nous étions tout seul ( 2 ) pour faire toutes les finitions.
Tous les WE, les vacances.....
C'est long et très fatigant, faut être jeune !!!!!
Mais, in fine, j'en suis très contente, mais je ne
recommencerais pas,
un petit bout de ma santé y est restée.
En 1989 ( Toussaint) nous avons eu un gros ennui :
sans doute par »vandalisme « , nos étanchéités
ont été coupées, sur la façade sud-est et comme
c'était un jour de grand vent, venant justement de
cette direction ! la moitié du toit est parti au vent ,
sous la pluie et le vent il a fallu essayer de réparer ......
l'HORREUR... , ( il y en a que cela gène que l'on
ne fasse pas comme eux ).
Et pendant près de 10 ans, il y a eu des gouttières
dans la maison, car nous n'avions plus ni l'énergie,
ni l'argent pour refaire sérieusement le toit.
Il a été refait complètement en 2000. Avec
de nouvelles étanchéités, des drains, des couches
anti-racines, de la terre spéciale et la plantation
de 700 succulentes.
Cela fait parti de la deuxième tranche :
les agrandissements.
Un article y sera consacré, car entre temps
beaucoup de personnes s'étaient intéressées
à cette façon de construire et nous avons pu
choisir de faire autrement .
Dans cet article, je n'ai pas « tout dit », bien sûr.
Mais je voudrais souligner que ce fût une
belle aventure,(il est possible de parler de
" parcours initiatique") et qu'à partir de là une amitié
inébranlable est née avec les Québécois,
que ma fille est partie ( pour 2 mois) au Québec, et
qu'elle y est restée, que le couple a volé en éclats,
la maison n'en est pas la seule raison, mais elle y a
une grande part.
Je ne regrette vraiment pas d'avoir tenté cette
expérience, la maison est super confortable,
fraîche l'été, chaude l'hiver, elle est paisible, elle VIT
et tout un chacun s'y sent bien et peut s'y ressourcer.
Grâce aux agrandissements faits entre 2000 et 2003,
nous y habitons à temps plein : nous y avons
une qualité de vie qu'il est impossible d'avoir
dans une maison dite « traditionnelle ».
Alors , si le coeur vous en dit : lancez vous ......